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20 mai 2011 5 20 /05 /mai /2011 10:41

Le titre est un peu caricatural, il y avait bien évidemment des revues à majorité d’articles en allemand ou en anglais (voir par exemple Journal de Crelle, fondé en 1826, en Allemagne).

 

Là où cela devient plus intéressant, c’est dans certains pays comme la Norvège ou la Suède – qui créant des revues devaient choisir une langue de publication. Il me semble que la revue Acta Mathematica (fondée en Suède en 1882) avait au départ des articles majoritairement en français, qui était encore vue à la fin du XIXe siècle comme la langue des sciences (celle qu’on choisissait pour que tous comprennent). Voici un indice, l’ouvrage édité par quatre maisons d’édition (Kristiania en Norvège, Paris, Londres, Leipzig) en hommage au norvégien Niels Abel pour le centenaire de sa naissance (1902) :

Abel-livre.jpg

 

Un autre indice sur lequel je suis tombé cette même semaine est la langue des congrès Solvay de physique ou de chimie, qui se tiennent à Bruxelles. Le français semble en être la langue officielle jusqu’en 1961-1962 (voir WP engl.) ; en revanche en 1964, c’est l’anglais qui semble en être la langue officielle. J’ai été étonné que ce fût si tard.

 

Je suis preneur en commentaires d’éléments sur le sujet : publications (toutes époques) montrant que le français est reconnu comme langue internationale en science, bibliographie sur le sujet le cas échéant,…

 

(article publié aussi sur mon blog Maths-et-Physique, et sur le blog Autour de BibNum)

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14 mai 2011 6 14 /05 /mai /2011 15:12

Le titre de ce billet est imprécis à dessein. Il vise à ouvrir la discussion (sur mon blog Indispensables mathématiques, sur mon blog Bibliothèques numériques et édition scientifique, sur le blog Autour de BibNum – ces divers publics sont concernés) sur deux sujets auxquels je suis confronté dans plusieurs de mes travaux d’édition électronique, dans BibNum notamment.

 

Le premier sujet est la façon dont on peut faire figurer les formules de mathématiques dans une page HTML, si possible dans la même graphie que la page HTML. Par exemple, voir l’onglet analyse de ce dossier BibNum, il n’est pas facile d’harmoniser les formules avec le reste du texte. Certes, existe MathML – mais j’aimerais voir concrètement ce que sont des pages avec du MathML.

 

Le deuxième sujet (qui m’est plus proche) concerne les formats d’édition avec des formules mathématiques. Les mathématiciens professionnels utilisent LaTex (les physiciens très rarement). Or, dans BibNum, nous avons une mise en forme (vers Verdana + logos en bas de page + divers formats d’intertitres) et des corrections (de forme, ou de fond à proposer à l’auteur) – bref le travail que tout éditeur est en droit et en devoir de faire. C’est pourquoi j’ai longtemps cherché des convertisseurs PDF vers Word – puisque le LaTeX a pour format d’affichage le PDF. Je n’ai trouvé aucun convertisseur qui traite correctement les formules mathématiques (vers MS Equation ou MathType sous Word) – tous ne font que d’horribles pâtés quand ils voient des formules de mathématiques. En revanche, si l’on prend les fichiers de compilation du LaTeX (avant l’affichage en PDF), ce sont des .tex et je viens de trouver un convertisseur TEX vers Word qui a l’air correct pour les formules mathématiques (GrindeQ).

 

Je serais heureux de vos commentaires sur ces deux sujets.

LaTeX.png

Une remarque complémentaire de l’éditeur électronique que je suis, sur le second sujet. Certains mathématiciens s’offusquent auprès de moi que "l’État" (le ministère qui a le site BibNum en tutelle – encore que les liens soient un peu lâches – on pourrait dire pareil d’un labo de recherche) utilise des formats Word, Microsoft, etc. au détriment des logiciels gratuits. D'abord, je m'identifie assez peu à "l’État" , et travaille avec des outils que je m'achète moi-même. Ensuite, comme me le fait remarquer judicieusement un auteur BibNum (un autre mathématicien), les formats DOC ne sont pas réservés à Microsoft – beaucoup de suites gratuites, telles OpenOffice, utilisent ce format – donc on a quand même le deuxième problème. Toujours suivant ce même auteur, et c'est aussi mon avis, ce qui est scandaleux, c’est que les suites MS Office soient proposées à prix très bas au monde de l’éducation nationale, l’État complétant lui-même la différence par un abondement ! D’un autre côté y a-t-il beaucoup d’entre nous qui se sont réellement mis à travailler avec OpenOffice, sans continuer par paresse à travailler avec MS Office qu’ils ont déjà sur leur ordinateur ?


Autre remarque sur LaTeX et les mathématiciens. C’est évidemment un logiciel magnifique. Mais existe-t-il des éditeurs (au sens humain donné plus haut à ce terme) qui entrent dans le LaTeX de leurs auteurs pour faire les changements de fond et de forme mentionnés plus haut ? S’il en existe, qu’ils se dénoncent ! Je pousse même plus loin mon hypothèse heuristique : certes LaTeX est un logiciel extraordinaire pour gérer les maths (d’où son succès), mais n’est-ce pas aussi un moyen pour son utilisateur d’éviter d’avoir à subir toutes corrections (ou du moins les gérer soi-même en tant qu’auteur) que d’envoyer le PDF produit sous LaTeX ? Manière de dire "Voici mon fichier, à prendre ou à laisser" ...Peut-être y a-t-il de cela, aussi, non ?

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27 avril 2011 3 27 /04 /avril /2011 14:13

Il est toujours utile et sympathique d'illustrer les articles d'histoire des sciences ou de vulgarisation par des timbres.

 

En France, les timbres ne sont pas du domaine public. En Allemagne, les timbres sont du domaine ublic car financés par le ministère  des Postes (comme en France).

 

Difficile de comprendre cette différence. Quelqu'un a une explication ?

 

Voir image d'un timbre allemand sur Wikipedia : ici. et l'explication :

Ce timbre-poste se trouve dans le domaine public en Allemagne parce qu'il a été émis par la Deutsche Bundespost pour le compte du Ministère fédéral des Postes et Télécommunications. Par conséquent il constitue une œuvre officielle selon la loi allemande sur le copyright (§ 5 Abs. 1 UrhG).

Nobelpreistrager1975.jpg.

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25 avril 2011 1 25 /04 /avril /2011 21:48

Je prie mes lecteurs (occasionnels) de m'excuser de l'apparence du blog. Over-Blog me signale qu'après 45 jours d'inactivité, ils ajoutent automatiquement de la publicité !!! Désolé pour ceux qui sont venus depuis !!!

 

J'en profite donc pour mettre un billet - en fait je cherchais des URLs Google Books pour la bibiographie d'un prochain ouvrage. Et j'ai trouvé la forme de l'URL la plus simple pour une URL Google Books. Car souvent on arrive à un ouvrage Google Books par une recherche, et ce n'est pas toujours facile de trouver l'URl de base de l'ouvrage.

 

Par exemple pour un ouvrage de (Charles) Fourier (je mets à dessein l'URL en lisible)  : http://books.google.com/books?id=SWE9AAAAYAAJ

 

Au passage, ayant travaillé sur des textes de cet auteur ce jour, j'ai constaté qu'il était beaucoup mieux représenté sur Google Books sur Gallica, avec une recherche plein texte beaucoup plus rapide sur Google Books que sur Gallica.

Fourier-Charles.jpg



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16 janvier 2011 7 16 /01 /janvier /2011 10:56

On se réjouit de trouver sur Gallica de nombreux documents scientifiques cherchables (Dieu que ce mot est horrible) - mais il y a encore quelques difficultés, parfois, à préciser l'emplacement du mot dans l'image : le surligné se fait un peu au-dessus, même une ligne au-dessus. Ceci oblige à un travail d'accomodation pour ajuster sa vision sur la ligne en-dessous. Ce défaut est présent sous Firefox, pas Internet Explorer (j'ai vérifié pour la même page) - il est peut-être lié

 

ex. Poncelet, Introduction à la mécanique industrielle, recherche du mot "travail", p.9 (lien)

XML-Alto.JPG

 

(à présent je sais que plusieurs personnes tout à fait compétentes de la BnF lisent mon blog - je les en remercie - aussi vais-je faire peut-être un peu plus souvent des remarques de cet ordre - remarques destinées à progresser et qui n'enlèvent rien à l'intérêt de l'utilisation de Gallica)

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8 janvier 2011 6 08 /01 /janvier /2011 11:08

Je fais part à mes lecteurs, au fil de mes recherches, de certaines bizarreries dans les bibliothèques numériques.

 

Gallica, Comptes-rendus de l'Académie des sciences, deux tomes par an comme d'habitude : le premier tome (premier semestre) de l'année 1843 (ou des années 1849, 1855) est cherchable en mode texte, pas le second (second semestre). Allez savoir pourquoi !

 

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb343481087/date1843

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb343481087/date1849

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb343481087/date1855

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb343481087/date1860

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb343481087/date1862

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb343481087/date1864

 

(NB : je crois que les Comptes-Rendus sont le périodique le plus consulté sur Gallica, il serait bon qu'il soit cherchable plein texte)

 

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9 décembre 2010 4 09 /12 /décembre /2010 10:27

Isidore vient d’être lancé le 7 décembre par le TGE-ADONIS (Accès unifié aux données et documents numériques des sciences humaines et sociales) du CNRS.

 

D’abord qu’est-ce qu’ADONIS ? C’est un « très grand équipement » relatif aux sciences humaines et sociales – comme le LHC est un très grand équipement de la physique [NB: j'ai le plaisir de présider le conseil scientifique d'Adonis, suite au rapport fait en 2006 au directeur général du CNRS]

 

Et qu’est-ce qu’Isidore ? En tant que fils d’Adonis, qui fut aimé d’Aphrodite, ce doit être à tout le moins une belle réalisation. C'est le cas.

 250px-Aphrodite_Adonis_Louvre_MNB2109.jpg

Ce n’est pas un moteur de recherche commercial, c’est le moteur de LA recherche (insistons sur l’article) – au moins celle des sciences humaines et sociales. C'est un moteur de recherche qui est le moteur de LA recherche - j'insiste lourdement.

 

Concrètement, Isidore moissonne une grande quantité de liens émanant de nombreuses bibliothèques numériques, comme Gallica (BnF), ou Numdam le site des revues mathématiques (histoire des sciences), ,ou le site revues.org des revues en SHS,ou bien d’autres encore, comme ceux qui sont répertoriés par NUMES (de l’ABES Agence bibliographique de l’enseignement supérieur).

 

À l’inverse d’un moteur de recherche commercial, Isidore ne recherche que dans ce corpus : même s’il n’y a pas (encore) tous les résultats intéressants, la recherche n’est pas polluée par des résultats peu pertinents, comme ce peut être le cas avec un moteur de recherche commercial. L'internaute navigue avec Isidore dans un univers de ressources hautement qualifiées.

 

Un avantage des SHS (sciences humaines et sociales), auxquelles Isidore se limite, est qu’elles sont plus facilement abordables que les sciences dures par un internaute non chercheur –  il est plus facile de comprendre un article de revue de démographie, souvent en français, qu'un article de revue d'astrophysique, qui plus est en anglais. Ceci rejoint l'idée que j'avais eue pour lae projet "bibliothèque numérique européenne" d'une bibliothèque francophone agrégeant le public le plus large possible.

 

Sur la page d'accueil d'Isidore, vous trouverez chaque jour une discipline des SHS mise à l’honneur, avec les premiers résultats de recherche : de quoi vous intéresser d’un coup d’œil à la démographie, à la géographie, à l’histoire des sciences, etc.

 

Une intiative à suivre et un moteur à utiliser !

 isidore-logotype_normal.jpg

 

Liens :

-       L’explication et les FAQ sur Isidore.

-       L’accès au moteur lui-même (lien en toutes lettres, pour a mémorisation) : www.rechercheisidore.fr

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7 décembre 2010 2 07 /12 /décembre /2010 10:19

Les choses changent - les positions doctrinaires ont fait place aux réalisations pragmatiques.

 

Europeana est à présent connectée à des bibliothèques travaillant avec Google, comme celle de la bibliothèque de l'université de Gand (Belgique).

 

Voir page d'accès depuis Europeana à un ouvrage de Coriolis.

 

Voir image ci-dessous une fois sur le site de Gand/Gent, et la mention digitized by Google (soulignée en rouge par nous).

Google-Europeana--Gand-V2.JPG

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9 octobre 2010 6 09 /10 /octobre /2010 14:21

On nous annonce le 7 octobre un partenariat entre BnF et Microsoft (son moteur de recherche Bing) : Bing indexera mieux les contenus de Gallica, dont « la visibilité sera fortement améliorée » (BnF). J’ai fait un peu de recherche documentaire, sans succès, pour comprendre en quoi consiste précisément cet accord, en dehors de l’effet de communication. En effet, il est normal qu’un moteur de recherches indexe Gallica : que veut dire indexer mieux – notion ayant fait l’objet d’un « long travail » (Microsoft) entre les équipes des deux entités ?

 

Et des sites pourtant investigateurs, comme ZDNet, Actualitté, ENSSIB (cette dernière se contente de relayer l’article du Figaro), de reprendre sans commentaires l’information, et sans détails sur la question posée plus haut. ZDNet est même dans le sensationnel en titrant que « Microsoft dame le pion à Google » ! J’ai dû faire une recherche avancée Google pour trouver l’info sur le site de la BnF, mais n'ai trouvé que le même communiqué concocté par les deux entités, bien caché ici en PDF. Quelques bloggeurs (C. Catarina) ont eu la même réaction que moi en essayant d’approfondir cette information bâclée, sinon purement communicationnelle.

 

Il était de notoriété publique, en 2005, que les contenus Gallica étaient mal indexés par les moteurs de recherche en général. Pas seulement parce qu’ils étaient en mode image. Même les descriptions, en mode texte, sont mal indexées – pourquoi le « Web profond est-il mal indexé par les moteurs de recherche » ? (Libération). Est-ce parce que le site Gallica est mal conçu ? Si quelqu’un sait pourquoi je suis preneur d’une explication.

 

Une question se pose immédiatement à la suite. S’il existe des méthodes nécessaires pour que le contenu Gallica soit mieux indexé par un moteur, méthodes que Microsoft va mettre en œuvre en liaison avec la BnF (et qui ont nécessité « un long travail »), qu’attend la BnF pour faire le même travail avec Google, moteur utilisé par 95% de nos concitoyens ? N’est-ce pas le minimum qu’on attend du service public que les contenus Gallica, numérisés à grand renfort d’argent public (taxe CNL sur les photocopieurs, Grand Emprunt,…) soient indexés correctement et puissent être trouvés via les moteurs de recherche courants (Google bien avant Bing) ? On sait qu’à la différence de ceux de Gallica, les contenus de Google Books sont très bien indexés par Google (exemple).

 

Par ailleurs, le communiqué officiel prend le soin de nous expliquer que cet accord ne porte « que sur les contenus libres de droits ». Le mystère s’épaissit ! Ainsi les autres contenus en ligne ne devraient pas être indexés ! Quand on met quelque chose sur Internet, c’est bien pour que les internautes y accèdent ! L’indexation des contenus, qui n’est jamais qu’une aide à la recherche, et qui est la tâche immémoriale des bibliothécaires, deviendrait ainsi une faveur spéciale, soit de la part de l’offreur de contenus (BnF accepte que certains de ses contenus soient indexés, mais pas d’autres), soit de la part de l’offreur et du moteur (un partenariat BnF-Microsoft est nécessaire pour assurer l’indexation !). J’ai déjà dit le curieux mélange des genres public-privé, aux frais du contribuable, que constitue la numérisation par la BnF des ouvrages sous droits d’éditeurs (voir les 4200 ouvrages Gallimard sur Gallica) : et en plus ces ouvrages ne seraient pas indexables. Pour quelle raison ? Quel intérêt y a-t-il à les mettre en ligne alors ?

 

Le comble est à la fin du communiqué, quand on lit que « l’accord prendra effet dans les tout prochains mois dans le cadre du lancement de Bing en France (actuellement en version bêta) »…Soit le process technique nécessaire à cet accord est en effet complexe et long à mettre en œuvre (il faut du boulot pour indexer correctement Galica !), soit tout simplement il faut attendre le lancement en grande fanfare de Bing. La BnF offrant une feature pour le lancement prochain de Bing – lui faisant en quelque sorte la courte échelle : un accord bing-bling ?

 

En résumé mes questions aux auteurs de ce partenariat, aux journalistes qui ne se contenteraient pas de la vulgate officielle, aux lecteurs professionnels de mon blog sont :

1°) les contenus Gallica sont-ils à ce point aussi difficilement indexables de manière automatique qu’il est nécessaire de faire un partenariat pour cela ?

2°) dans ce cas, qu’attend-on pour faire le même partenariat avec le moteur Google, beaucoup plus utilisé que le moteur de Microsoft ?

 

J’ai ma petite idée sur non pas sur la réponse précise à ces questions (sinon je ne les poserais pas), mais sur la trame sous-jacente. En France tout est guidé par le droit d’auteur et le lobby des éditeurs (HADOPI, etc.). L’alliance curieuse entre un gouvernement de droite ayant choisi de défendre ces priorités et une intelligentsia de gauche ayant jeté pour diverses raisons l’anathème sur Google (ici ou ) – cocktail détonant assez bien symbolisé par notre ministre de la Culture actuel –, influence la stratégie des acteurs publics : on en arrive à de tels accords BnF/ Microsoft qui se font sans considération aucune des besoins de l’internaute – et de nos concitoyens en général. C’est une hypothèse de travail que j’étudie et sur laquelle vos avis sont là aussi les bienvenus.

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18 mars 2010 4 18 /03 /mars /2010 10:17

J’ai rédigé en novembre dernier un article « Bibliothèque numérique : Google face à l’Europe » qui vient de paraître dans La Jaune et la Rouge (revue des anciens élèves de Polytechnique), mars 2010, n°653 consacré au Livre et Internet. Cet article m’avait été demandé par Pierre Laszlo, coordinateur du numéro (par ailleurs chimiste, auteur scientifique, et auteur BibNum).

Vous trouverez cet article en ligne ici, mais pour ceux qui n’auraient pas la possibilité de le lire entièrement, voici les quelques idées que j’y développe, toujours les mêmes depuis mon rapport remis il y a quatre ans et qui ouvrent ce blog, ainsi que dans mon article du Monde des Livres de 2007 (il faut croire qu’elles commencent à percoler puisque le récent livre de B. Racine, président de la BnF, va dans le même sens sur un certain nombre d’entre elles) :

1)  la BnUE (bibliothèque numérique européenne, ou Europeana), lancée en fanfare il y a cinq ans, n’atteint pas son objectif d’être une alternative à Google.

2)  D’un point de vue politique, ceci amène le citoyen à s’interroger sur le battage politique et médiatique au plus haut niveau (président Chirac à l’époque) et la réalité des maigres résultats ; il en va de même des programmes européens, coûteux et ralliant une audience limitée.

3) Europeana se limite d’ailleurs à un portail de recherche de documents multimedia (livres, manuscrits, photos, vidéos,…), renvoyant vers les sites des bibliothèques nationales (surtout Gallica d’ailleurs).

4) À l’opposé, Google Books est un site sobre, avec des livres uniquement consultables sur le site -même : une bibliothèque numérique effective.

5) Faisons la différence, rarement faite dans les medias, entre le programme Google de numérisation des livres « patrimoniaux » (qui ne sont plus sous droit) et la numérisation des livres sous droits, qui suscite à juste titre l’ire des éditeurs dans le monde.

6) À propos des éditeurs, l’économie mixte à la française à conduit à créer un appendice dans Gallica, difficlement visible et compréhensible, affichant des livres sous droits, avec des visualisations différentes suivant l’éditeur (Gallimard, etc.) – programme financé sur fonds publics (augmentation de la taxe sur les imprimantes-scanners gérée par le CNL).

7) Par comparaison, en Allemagne, dès 2005 les éditeurs se sont groupés entre eux pour faire une bibliothèque numérique Libreka.

8) Le mythique « patrimoine européen » spécifique à Europeana a fait long feu : car ce qui est dans les bibliothèques américaines, et que numérise Google, c’est justement le patrimoine allemand, anglais, français…le patrimoine de l’émigration qui a fait les Etats-Unis.

9)  D’ailleurs, en Europe, les bibliothèques nationales (sur lesquelles s’appuie Europeana) sont un patchwork d’institutions disparate : puissantes en France (BnF) et au Royaume-Uni (BNL), elles sont nettement moins visibles dans des pays d’unification récente comme l’Allemagne ou l’Italie.

10) Avant de s’engouffrer dans une bibliothèque européenne (lisez-vous souvent des livres du XIXe s. écrits en hongrois ?), il eut été utile de monter une bibliothèque numérique francophone – capitalisant sur l’avance qu’avait depuis 2005 la BnF avec Gallica.

11) La diabolisation de l’utilisation de Google, comme celle de Wikipedia, est le signe d’un manque de confiance en l’internaute : celui-ci est, à mon sens, capable de démêler le bon grain de l’ivraie, d’effectuer un travail de recherche (avec un moteur éponyme) ; cette diabolisation émane d’une génération qui, n’ayant pas toujours compris ses usages, voit en Internet surtout ses dangers.

12) Bravo le page ranking du moteur Google s’il me permet de trouver sur Google Books, en deuxième résultat de ma recherche, le livre que je cherche ; on n’a à mon avis pas fini de réfléchir sur cette synergie entre le moteur grand public et Google Books.

13) En 2006, on aurait déjà pu décider que les bibliothèques négocient ensemble avec Google et non en ordre dispersé (idée figurant dans mon rapport BnUE, ainsi que dans le discours Darnton à la BnF en novembre dernier).

14) La foire à la quantité numérisée continue : la BnF nous annonce un millions d’œuvres en ligne – dont 700 000 revues et journaux (j’ignore dans ce cas quelle est l’unité de compte) – en fait il n’y a que 150 000 livres (doublement de Gallica en cinq ans)

15) Question iconoclaste (mais qui se pose à présent) : pourquoi, maintenant, numériserait-on sur fonds publics un ouvrage français qu’on peut déjà trouver sur Google Books ? Quel intérêt ?

16) Question iconoclaste, bis (qui se pose à présent, bis) : quel intérêt aurait Google, maintenant, à aller numériser avec la BnF ou d’autres des ouvrages francophones déjà présent sur Google Books ?

17) L’invocation de programmes franco-allemands pour la numérisation, sorte d’ersatz de programmes européens, m’inquiète quand on connaît le rapport coût/résultat pour le grand public de tels programmes, comme Quaero (Quaerebam comme je l’avais appelé). Idem pour l’invocation au grand emprunt, sauf à mieux définir les objectifs qu'en 2005.

18) Enfin, last but not least, ce n’est pas faute de le mentionner à chaque fois, le dépôt légal sous format numérique n’est toujours pas obligatoire légalement, pour ne pas brusquer les éditeurs. Or les fichiers se perdent, chez les éditeurs, chez les imprimeurs – ces maisons ont souvent un fonctionnement artisanal. Que dirons nos petits-enfants quand ils verront que nous glosions sur une bibliothèque numérique, sans même préparer la leur avec nos livres actuels qui ne seront plus sous droits dans 70 à 100 ans ?

 Image-Twelwe-South.JPG

Voilà, désolé de ce billet un peu long – je n’aime pas les longs billets de blogs, mais j’ai ainsi reclassé mes idées (sachant que dans l’article en question que j’ai écrit, j’ai dû à la demande de la revue faire des encadrés hors texte qui coupent un peu le propos). Merci au blog affordance de m’avoir fait connaître la photo ci-dessus qui est un clin d'oeil.

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Présentation

  • : Humanités numériques, édition scientifique, diffusion numérique de la connaissance, Enseignement supérieur et recherche, géographie et histoire industrielles (auteur Alexandre Moatti) = ISSN 2554-1137
  • : Discussions sur le projet de Bibliothèque numérique européenne, sur les bibliothèques numériques en général; sur l'édition scientifique papier & en ligne.
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Avant-propos

Ce blog est créé à la rentrée scolaire 2006 pour suivre les sujets suivants:
# Bibliothèque numérique européenne (BNUE), et bibliothèques numériques en général.
# Edition et revues scientifiques.
Il est étendu en 2023 sur des sujets connexes aux précédents, mais néanmoins liés : patrimoine industriel, géographie industrielle.

 
Alexandre Moatti
 
 

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