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20 novembre 2015 5 20 /11 /novembre /2015 16:00

J'aime bien faire l'historique de locutions – ici celle de "révolution numérique", abondamment employée de nos jours, pour décrire "la disruption" (à noter aussi : l'étonnant "surgissement de la transition numérique", chez N. Colin).

On trouve trace de "révolution numérique" en mars 1999, sous la plume de Bernard Spitz, ancien membre du cabinet du Premier Ministre M. Rocard, à l'époque en transit au Conseil d'Etat entre deux postes "numériques" (directeur chez Canal+ 1992-1996 avant d'être directeur de la stratégie chez Vivendi Universal entre 2000 et 2004, à l'époque Messier).


Ce petit opuscule (40 p.) n'est pas chez n'importe quel éditeur : c'est une note de la Fondation Saint-Simon (fondée en 1982, dissoute fin 1999 – c'est donc une de ses dernières publications)(*). C'était une fondation d'inspiration centre-gauche (rocardienne) destinée, à partir de 1982, à promouvoir le social-libéralisme, notamment au sein de la gauche nouvellement arrivée au pouvoir en 1981.

Pour l'auteur, en 1999, la "révolution numérique", c'est en fait celle de la télévision le remplacement des canaux hertziens par les câblo-opérateurs numériques. La fin d'une ressource rare (la fréquence hertzienne) et du broadcast, leur remplacement par la profusion de chaînes numériques, avec les "services interactifs" associés (téléachat, pay-per view).

Le contenu précis de cet opuscule, aujourd'hui assez rébarbatif à lire, importe finalement peu : mais il est intéressant de constater qu'à cette époque (1999), la locution "révolution numérique" semble s'appliquer uniquement à la TV – elle est très éloignée de toutes les facettes qu'elle a pu prendre aujourd'hui (la révolution numérique interne à l'entreprise, la révolution numérique qui "ubérise" certains secteurs, etc.).
______________________________________________________________________________

(*) Sociologie des institutions : On peut comparer mutatis mutandis le rôle joué en 1999 par B. Spitz (Conseil d'Etat) et la fondation Saint-Simon à celui joué en 2015 par Nicolas Colin (Inspection des Finances) et la fondation Terra Nova (avec son récent ouvrage La richesse des nations après la révolution numérique, fondation Terra Nova)

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21 septembre 2015 1 21 /09 /septembre /2015 12:30

Dans la lignée d'une partie de mon livre Numérix consacrée à ce qui m'apparaît comme certaines postures de la technophobie, et d'un précédent article de blog consacré à un livre d'E. Morozov, je reviens ici sur un terme promu par ce dernier : le solutionnisme, à savoir la propension à penser que la technique, la technologie, et notamment Internet, sont une voie de solution à tous les problèmes (Wikitionnaire {{en}})

Dans un pays comme la France qui aime bien les abstractions en -isme, ce concept "prend" bien (même si à mon avis ce concept est trop médiatisé, et la pensée de Morozov assez répétitive, idéologisante, et peu historicisée). On trouve néanmoins un bel exemple de solutionnisme en France, celui du "numérique à l'école": promu de manière répétitive par le ministère, Matignon et l'Elysée depuis 20 ans (et même 30, de Fabius 1985 à Valls 2015, brève archéologie des N plans "numérique à l'école" ici par C. Lelièvre). En quoi serait-ce du solutionnisme ? Parce qu'en fait, on peut avoir l'impression (et en ce sens la notion de solutionnisme est forcément subjective) que le "numérique à l'école" est promu comme une solution-miracle, un remède à tous les maux permettant d'éviter de se poser les autres questions, celles de niveau scolaire, de méthodes d'enseignement, de programmes.

Mais allons plus loin : le solutionnisme n'est-il pas à l'œuvre dans d'autres domaines ? Il est frappant de voir comment, après les attentats de Charlie en janvier 2015, Internet a été désigné presque comme l'ennemi public n°1 – ç'a été un fort axe de communication (pour arriver jusqu'à la loi 'renseignement' de juillet 2015), comme si c'était le principal et quasi-unique problème, ce que j'ai résumé dans 2 tweets forcément caricaturaux car lapidaires, mais illustrant le propos :

 

Mais – et c'était le but itinial de mon billet – il convient de relativiser ce concept même de solutionnisme. On le retrouve sous d'autres formes dans l'histoire des idées (Morozov n'en est pas l'inventeur, malgré ce que la presse nous en dit !), par exemple chez Jacques Ellul, Le Bluff technologique (Hachette, 1988):

[...] la technique nous est dorénavant présentée comme la seule solution à tous nos problèmes collectifs (le chômage, la misère du tiers monde, la crise, la pollution, la menace de guerre) ou individuels (la santé, la vie familiale, et même le sens de la vie) [...] Et il s'agit bien de bluff, parce que dans ce discours l'on multiplie par cent les possibilités effectives des techniques et que l'on voile radicalement les aspects négatifs.

Ce passage est tiré de l'Avertissement par Ellul lui-même, en début d'ouvrage : c'est même sa définition du bluff technologique qu'il donne ainsi. Alors, de grâce, arrêtons de considérer certains concepts comme totalement neufs, "innovants" (car il faut du neuf, toujours !), et tâchons de faire une archéologie de ces concepts  cela nous aidera, je pense, à mieux réfléchir.
 

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10 mai 2015 7 10 /05 /mai /2015 19:06

En préparation de la table ronde ESPCI/ Espace Pierre-Gilles de Gennes de lundi 11 mai 2015, j'ai relu l'intéressant Livre Blanc Pour une meilleure visibilité de la recherche française, d'Antoine Blanchard et Elifsu Sabuncu, de 2e Labo (mars 2015)1. La démarche même en est intéressante, un « livre blanc » fait par deux personnes (compétentes, associées dans leur entreprise 2e Labo), de manière indépendante de toute institution, mis à disposition gratuitement et soumis à la discussion (ce 11 mai) : je ne crois pas avoir déjà vu cela dans ma carrière administrativo-universitaire – et ça change, à la fois par le style enlevé2 et par le contenu, de nombre de rapports publics souvent assez creux. L'inclusion, à la fin du rapport, de commentaires qui ont été faits aux auteurs – dont certains critiques –, suite à leur tribune dans Le Monde du 2 décembre 2013, dénote aussi une démarche originale et contributive, de manière effective et pas seulement dans les discours.

Un premier point à noter est la focalisation sur les « données récoltées par les administrateurs de la recherche » (type ANR), et non les données de recherche elles-mêmes (qui sont un autre sujet, me semble-t-il)3. Les auteurs estiment qu'elles constituent les meilleures métadonnées possibles pour analyser l'ensemble de la recherche française, et déplorent qu'elles soient (notamment via l'ANR) difficilement accessibles (parfois dans des documents téléchargeables... en PDF!), pas assez détaillées, pas assez standardisées. Bref, on serait loin de l'Open Data, prôné notamment par la nouvelle structure publique qu'est Etalab – et loin de ce qu'a fait par exemple une institution culturelle, la BnF, avec son excellent portail de données data.bnf.fr.

Un deuxième point de grand intérêt est la comparaison internationale faite par les auteurs, et notamment avec le Royaume-Uni. Ils mentionnent la politique suivie de longue date par la structure interministérielle du JISC (Joint Information Systems Committee, depuis 1993), avec l'ouverture fin 2013, après 18 mois d'expérimentation, d'un moteur « Gateway to Resarch », avec l'accès standardisé, par mots-clefs, aux programmes de recherche publics, leurs montants de financement, leur durée, leurs auteurs, etc. Ce bon résultat s'explique par un travail de mutualisation (cinq des huit organismes de financement de la recherche ont accepté de travailler ensemble sous l'égide du JISC), et par bien sûr par un travail d'interopérabilité.

Livre Blanc "Pour une meilleure visibilité de la recherche française"

Une recherche « Coriolis » dans le moteur Gateway to Research donne 6 projets (dont l'un en mécanique, l'autre en météorologie – force de Coriolis oblige), et 13 chercheurs auteurs, directeurs de programme auxquels s'adresser. On voit aussi les montants des programmes en £.

 

La comparaison faite par les auteurs avec la situation française laisse alors songeur. Nous n'avions pas anticipé dans notre rapport Salençon/Moatti (2008) l'arrivée et l'importance prégnante du Big Data (par ailleurs l'ANR venait d'être créée), mais force est de constater, si l'on en croit ce Livre Blanc très documenté, que « la France en est réduite à bricoler », avec en concurrence le logiciel SANGRIA (issu du PGI Cocktail, si!) et le logiciel GRAAL (Gestion de la Recherche, Application concernant les Activités des Laboratoires) de l'AMUE (Agence de multualisation des universités et établissements), avant qu'elle ne s'en retire en 2010 ! L'enjeu est maintenant le logiciel CAPLAB (Cartographie, Activités et Pilotage du laboratoire) mais « un appel d'offres aurait dû être lancé en 2012 pour une réalisation en 2013 ; nous sommes en 2015 et l'appel d'offres n'a toujours pas été lancé ». Nous laisserons tout cela à la discussion du 11 mai – cependant ce qui frappe, par rapport au Royaume-Uni, est dans ce pays la permanence des structures, comme celle du JISC, et la réelle volonté de mutualisation entre institutions.

 

Ce qui précède est le principal enjeu du Livre Blanc, comme l'indique son titre. Accessoirement, il évoque aussi d'autres sujets tout à fait intéressants, comme les présentations de pages de chercheurs par les établissements de recherche français (basées elles aussi sur divers logiciels d'annuaires). Les auteurs mentionnent notamment la présentation permise par le logiciel Digital Vita, que je cite parce qu'elle me paraît tout à fait intéressante pour un chercheur (c'est comme ça que je souhaiterais détailler mes axes de recherche sur ma page Paris-VII) :

Current Major/ Current Minor, Non-current Major/ Non-current Minor

(ce sur quoi le chercheur travaille de manière principale actuellement, et de manière secondaire; ce sur quoi il a travaillé de manière principale par le passé, et de manière secondaire).

 

Enfin, une dernière incise figurant dans le Livre Blanc mériterait un développement (mais là non plus ce n'était pas le propos du Livre Blanc) : le développement des « résaux sociaux de la recherche » (de type Academia.edu, MyScienceWork, Mendeley rachetée par Elsevier) : ces réseaux, par leurs relances permanentes (« tel collègue a consulté votre article ») et par leurs services, font concurrence aux portails publics de dépôt d'articles de recherche, comme HAL. Je pense qu'il est important de montrer aux chercheurs que le dépôt de leurs articles dans des archives publiques type HAL est prioritaire ; et je pense qu'une analyse, si possible francophone, comparant les divers réseaux sociaux privés de la recherche, leurs avantages, inconvénients, et surtout leur activité effective devrait être faite4 [post-réunion du 11 mai : Stéphane Pouyllau me signale sur Twitter ce très bon billet de blog d'Eric Verdeil].

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1 À noter qu'on peut se le procurer sur Kindle pour la modique somme de 0,5€ - sinon il est en téléchargement gratuit.

2 Certaines tournures très directes sont amusantes, comme « Patatras », ou « Qu'attend-on encore pour réagir ? ».

3 Les programmes de recherche (aussi bien en climatologie qu'en archéologie) produisent à présent un monceau de données brutes informatisées – mais ce n'est pas le sujet traité par le Livre Blanc.

4 Notamment Academia.edu, créé en 2008 à San Francisco (1 million d'utilisateurs enregistrés); Research Gate, créé en 2008 en Allemagne (5 millions d'utilisateurs enregistrés) ; Mendeley, créé en 2007 à Londres, racheté 80M$ en 2013 par Elsevier (c'est plus un logiciel de gestion de ses références qu'un réseau social) ; MyScienceWork, créé en 2010 en France. Au cours du débat du 11 mai, un intervenant dans la salle a indiqué que ces réseaux sociaux étaient des "gadgets à la mode", et ce qu'il importait c'est d'assurer en France l'interopérabilité entre les systèmes des organismes de recherche pour la meilleure visibilité. Il n'a pas totalement tort, mais pas totalement raison : si un moteur public "Gateway to Research" à la française n'est pas rapidement conçu, ces réseaux sociaux privés occuperont le terrain laissé libre (cf. la tentation Academia c/ HAL chez certains chercheurs, in Verdeil). C'est, mutatis mutandis, la même problémtique que nous avons connue avec Google dans le domaine de la recherche sur Internet, ou celui des bibliothèques numériques.

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24 mars 2015 2 24 /03 /mars /2015 16:52

Quoi de commun, me direz-vous entre l’entreprise SPIE-Batignolles (4e groupe français de construction) et l’abbaye de Royaumont, monument historique du Val d’Oise ? Et pourquoi sur ce blog ? À cette dernière question, je réponds qu’il y a longtemps que je caresse l’idée d’y faire un peu d’histoire du patrimoine industriel – c’est aussi une partie de notre patrimoine, peu souvent évoquée, ni au niveau académique, ni sur Internet.

Logo spie batignolles

À la première question : le point commun entre SPIE-Batignolles (ci-dessus) et Royaumont (ci-dessous), c’est la famille Goüin – et je vous invite à un parcours à travers une histoire familiale, industrielle et culturelle française.

2-Royaumont-GFreihalter.JPG

Abbaye de Royaumont (Val d'Oise) (WikiCommons cc-by-sa GFreihalter)


(presque)Tout commence avec Ernest Goüin (1815-1885), fils de no(ta)bles tourangeaux[1]. Polytechnicien (X1834), fortement inspiré par le développement du chemin de fer en Angleterre, il fonde en 1846, avec l’appui de divers banquiers, dont le saint-simonien[2] Talabot (lui aussi polytechnicien), la première usine française de matériel ferroviaire (voitures, locomotives), dans le quartier des Batignolles le long de l’avenue de Clichy à Paris.

1-EG.jpgErnest Goüin (1815-1885)

 

L’entreprise se diversifie dans la fabrication de navires (avec un chantier naval à Nantes), de métiers à tisser, de ponts et ouvrages d’art – comme le pont ferroviaire d’Asnières (1851), premier pont français à tablier métallique, ou le pont de la rue du Rocher à Paris (1868). Rebaptisée en 1871 société de construction des Batignolles, elle fournit même les perforatrices destinées à la première tentative d’un tunnel sous la Manche, en 1885 !

Rocher.jpg

Le pont de la rue du Rocher, Paris VIIIe (photo Gérard Métron, site struturae.info)

 

L’histoire de l’entreprise suit celle de la IIIe République, notamment celle de l’empire colonial. Après la mort d’Ernest – dont le nom est parmi les 72 savants et ingénieurs honorés par Eiffel sur sa tour –, ce sont Jules (1846-1908), son fils (centralien) puis ses petits-fils Gaston (1877-1921) (aussi centralien), GastonEdouard et Ernest II (1881-1967) qui mènent l’entreprise. Elle construit la ligne ferroviaire Bône-Guelma, entre Algérie et Tunisie, les chemins de fer de l’Indochine et du Yunnan (1901) – avec le soutien de la Banque de l’Indochine –, le chemin de fer de Dakar à Saint-Louis du Sénégal (1883).

Neva-Nicolas-II.jpg

Jules Goüin (costume civil, à g.) lors de l'inauguration du Pont Troïtsky sur la Neva par le tzar Nicolas II et la tsarine, le 19 mai 1903 (photo WikiCommons)

L’histoire des années sombres traverse aussi l’entreprise. Henry Goüin (1900-1977), fils d’Édouard, est déporté, tandis qu’Ernest II, président de l’entreprise, est arrêté à la Libération et passe 9 mois en prison. Après-guerre, elle développe du matériel pour l’industrie pétrolière et gazière (notamment en son usine de Nantes, qui sera disloquée en 1985 entre trois repreneurs, toujours actifs), construit le barrage de Donzère-Mondragon sur le Rhône (1952). La société de construction des Batignolles est rachetée par le groupe SPIE du baron Empain en 1951 – mais Henry Goüin reste à la tête de l’entreprise, jusqu’à la fusion SPIE-Batignolles en 1968.

PalaisAbbatial---B.Poschadel.jpg

La palais abbatial, de style palladien (WikiCommons cc-by-sa B. Poschadel)

Et Royaumont, dans tout ça ? Jules Goüin, fils d’Edouard, avait racheté en 1898 le palais abbatial (résidence de l’abbé, aujourd’hui séparée de l’abbaye, et rachetée en 1922 aux Goüin par une branche Rotschild – aujourd’hui toujours en leur possession) et en avait fait sa résidence secondaire. En 1905, lors de la loi de séparation de l’Église et de l’État, il rachète l’abbaye aux congrégations. Trente ans plus tard, son neveu Henry (1900-1977), [source abbaye Royaumont] « séduit par les initiatives du Front populaire en faveur des travailleurs, décide d’ouvrir les portes de Royaumont aux artistes et intellectuels nécessiteux […] Le 15 mai 1938, il inaugure avec son épouse, Isabel Goüin-Lang, le Foyer de Royaumont, lieu de travail et de repos pour artistes et intellectuels. Vingt-six ans plus tard, en 1964, le projet sera pérennisé sous la forme d’une Fondation Royaumont (GoüinLang) pour le progrès des Sciences de l’Homme.». Ce projet, mené avec le soutien du ministre Malraux, est à l’époque la première fondation privée culturelle en France. La mort d’Henry Goüin en 1977 ralentit le dynamisme de la Fondation, qui par la suite, avec le soutien du Conseil général du Val d’Oise, devient un lieu de concert et d’hébergement d’artistes autour de la musique vocale.

Plaques-Clicsouris.jpg

Quelques références :

  • Anne Burnel, La Société de construction des Batignolles de 1914-1939 : histoire d'un déclin, Librairie Droz, 1995.
  • Rang-Ri Park-Barjot, La Société de construction des Batignolles: Des origines à la Première Guerre mondiale (1846-1914), Presses Paris Sorbonne, 2005.
  • Jacques-Marie Vaslin, « Ernest Goüin, le polytechnicien des Batignolles », Le Monde (économie), 22 novembre 2010.
  • Henry Goüin, L’Abbaye de Royaumont, 1932 (préface d’H. Laurens, 93 p., 41 photographies N&B).
  • Jean-François Belhoste, Nathalie Le Gonidec (dir.), Royaumont au XIXe siècle - Les métamorphoses d'une abbaye, Créaphis, 2008.

[1] Son grand-père Goüin-Moisant (1758-1823), détenait la banque Goüin, fondée à Tours en 1714, et fut député royaliste de 1815 à 1823. C’était une famille noble – quoique sans particule – son blason est D’azur à croix tréflée d’or.

[2] Il y a une inclination saint-simonienne aussi chez Goüin, comme chez de nombreux polytechniciens du XIXe siècle. Il affirme (cité par Le Monde, 2010), que « la puissance n'est légitime que si elle s'exerce pour le bien de tous ». Dès 1847, il met en place une société de secours mutuel qui fait office de Sécurité sociale pour les employés.

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23 février 2015 1 23 /02 /février /2015 11:17

Tiré des Papiers de Jeffrey Aspern (1888) d'Henry James (1843-1916) [éd. fcse Stock  p.12], cette phrase, qu'on pourra mettre en relation avec le sujet de l'anonymat à l'époque d'Internet — est-il possible de rester anonyme à notre époque ?, mais, aussi, en 1888, à propos d'une vieille Américaine résidant à Venise :

 

[...] nous expliquâmes tout par le fait qu'elle s'était tenue tellement tranquille [...] Mais c'était une révélation pour nous que l'effacement, à un tel degré, eût été possible dans la dernière moitié du XIXe siècle — dans le siècle du journalisme, du télégraphe, des photographes et des interviewers.

 

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12 janvier 2015 1 12 /01 /janvier /2015 11:26

En janvier 1981, quelques mois avant les élections présidentielles, Coluche étant ou disant qu'il était candidat, les élèves de la promotion 79 l'avaient invité avec Cabu à venir sur le plateau de Palaiseau à l'X. Je ne sais pas ce qu'il en est resté dans le souvenir des élèves (et des enseignants qui n'avaient pas raté cela), mais il en est resté au moins une chose : cette planche de dessins de Cabu croquant l'X, l'Armée et Coluche. C'est une forme de patrimoine (donc ayant vocation à être sur ce blog), en tout cas c'est un hommage qui est rendu ici à Cabu (et à Coluche).

 

(merci à Hervé Passot de nous avoir rappelé cet événement) (cliquer sur l'image pour lire les détails).

 

CabuX

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28 décembre 2014 7 28 /12 /décembre /2014 17:07

J'emprunte ce titre à Pierre Jourde pour dresser ma propre lsite de livres (contemporains) sans intérêt, pour moi en tout cas. Certains m'ont même irrité par leur vacuité. Tous commentaires sont bienvenus, approuvant ou désapprouvant.

  • Jean-Marie Laclavetine, Train de vies, Gallimard, 2003 (Folio n°4156, 2008).
  • Jean Echenoz, Ravel, Minuit, 2006 (voir commentaires 1* Amazon qui correspondent bien à ce que je pense)

 

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23 novembre 2014 7 23 /11 /novembre /2014 17:35

Nous avons entrepris sur Twitter un feuilleton d'agacement de notre lecture d'E. Morozov, Pour tout résoudre, cliquez ici (FYP Éditions, 2014). Des lectures assez critiques de cet ouvrage ou de son ouvrage précédent existent déjà en français sur Internet (Cory Doctorow, traduit du Guardian, 25 janv. 2011, sur le site Framasoft, merci à @AdrienneCharmet du signalement ; voir aussi Sébastien Broca sur La Vie des Idées, 16 mai 2014, qui parle de « généralisation excessive » chez Morozov, merci à @hey_ghis du signalement).

 

Nous continuons la lecture de cet ouvrage de Morozov, nous en marquerons certains éléments positifs, mais souhaitons dès à présent étayer par des exemples notre avis globalement négatif – livre creux et long – discours facile). Prenons le sort fait à Wikipédia, p. 40-41, images à l'appui.

1Commente.jpg

« Wikipédia, le modèle favori des solutionnistes pour reconstruire le monde » : les solutionnistes, ce terme désigne pêle-mêle les transhumanistes, les GAFA (Google-Apple-Facebook-Amazon), les « geeks » (cités en permanence : qui sont-ils, en fait ?), les contributeurs de Wikipédia, les capitaux-risqueurs, la Silicon Valley, les divers "Partis Pirate", les analystes de la technologie,...

 

« Des livres aux titres comme Wikinomics ou WikiGovernement » : ce sont des livres américains que Morozov mentionne – sans donner leur auteur, sans référence. Surtout, le lecteur français (et sans doute le lecteur américain non spécialiste), ne connaît pas ces ouvrages : Morozov fait appel à leur titre comme un argument – sans que le lecteur puisse juger du contenu de ces ouvrages.

De même (image suivante), est cité un « expert en technologie », Kevin Kelly, que je ne connais pas : beaucoup de namedropping chez Morozov qui donne l'impression de régler des comptes – ce que je fais ici, je l'avoue, mais en réaction, et pas dans un ouvrage de 350 p. ; Morozov implique souvent son lecteur non dans un débat d'idées, mais dans une querelle de personnes, des « experts » qu'il critique et que son lecteur ne connaît pas.

Morozov-Commente.jpgPhrases 1. J'ai beau les relire je ne les comprends pas. Comme cela sent la traduction (très) lourde, je suis allé voir la version anglaise, page accessible sur Google Books. Je comprends un peu mieux, à peine : mais je trouve ces phrases très allusives, n'apportant rien à cet endroit. Comme je ne comprends pas la dernière phrase de la page, qui clôt ce qui est consacré (temporairement, j'espère !) à Wikipédia.

 

Passons sur les affreuses fautes d'orthographe – dues à la traductrice ou au (manque de) relecteur FYP Éditions. Je maintiens néanmoins que le style de la traduction est lourd et n'améliore pas la lisibilité de l'ouvrage.

ex. « Wikipedia se révèle être une bureaucratie gigantesque, et non le contraire » (?) traduit la phrase « Wikipedia, as it turns out, has a huge – and not small – bureaucracy », plus compréhensible en anglais !

 

2. Le cas du modèle WP:MOSMAC. Intéressant. Comme les auteurs qui sortent des maths en plein ouvrage et veulent en imposer ainsi. On trouve cet exemple dans un article de The Economist, supplément trimestriel Technologie, mars 2008 écrit par Morozov (mais pour savoir cela, il faut avoir la version anglaise ; la référence disparaît dans la version française).

Voici la page de consignes WP:MOSMAC incriminée. Au contraire de ce que dit Morozov (bureaucratie, couper les cheveux en 4), cette page essaie de définir soigneusement ce qui doit être appelé Macédoine. Sujet politique difficile, puisque la république de Macédoine (cap. Skopje), issue de l'ex-Yougoslavie, peut prêter à confusion avec une province de Grèce, la Macédoine. Wikipédia définit, pour ses contributeurs, quelques règles les plus raisonnables possibles pour le choix de l'appellation – critiquer cela comme de la « bureaucratie » est un discours facile, paresseux.

 

(plus loin) « conduit droit au désastre » : rien que ça ? Une phrase lourde de sens, mais sans explication, sans justification.

 

3. « La tâche d'une analyse technologique solide n'obéissant pas au webcentrisme est de rendre visible ce qui semble invisible ». C'est par cette phrase que Morozov se définit lui-même (« un solide analyste technologique »), par et en opposition au prétendu expert Kevin Kelly ; mais il donne l'impression d'être un « épiphanier », celui qui nous livre les vérités cachées, cachées par un complot des « solutionnistes » – comme s'il était lui le détenteur de la vérité vraie.

 

« On estime que depuis 2006, les discussions portant sur la politique éditoriale et de gestion de Wikipédia (sa bureaucratie en somme) représentaient [sic] au moins un quart de l'ensemble du site ». Faux. Dépend de quoi on parle. Bachelet & Moatti (Annales des Mines, 2012) estiment que c'est même l'inverse ! (« sur la Wikipédia francophone, les pages encyclopédiques représentent 1,23 millions de pages sur 5 millions ») Et quand bien même ? Que des contributeurs discutent entre eux (en pages de discussion), ou fixent des règles d'appellation (comme WP:MOSMAC), ce afin d'avoir les meilleures pages encyclopédiques possibles, qui cela gêne-t-il ?

 

4. « Wikipédia fonctionne en théorie pas en pratique ». Phrase banale (on peut dire cela de plein de choses). La phrase originale (dans l'édition anglaise) est heureusement la bonne : « Wikipedia fonctionne en pratique, pas en théorie » (la traductrice a-t-elle été trop zélée, ou étourdie, ou mauvaise ?). La phrase correcte est en effet amusante – ce n'est d'ailleurs pas Morozov qui l'a inventée (la citant dans un article récent, j'ai cherché une première occurrence, sans succès). C'est à présent presque un aphorisme.

Faisant cet exercice (à suivre), je m'aperçois qu'il est difficile de critiquer page à page un ouvrage. Mais je pense que c'est néanmoins utile : ces deux pages sur Wikipédia traduisent bien l'ensemble de l'ouvrage, ses approximations, ses manies (combat contre des « experts du numérique ») – que nous apporte vraiment Morozov ? 

 

Oui, je pense qu'il faut être vigilant sur une certaine omnipotence des GAFA. Qu'il faut être vigilant face au transhumanisme et à certaines formes d'utopie numérique. Mais ce ne sont pas la rhétorique facile ni les arguments de Morozov qui m'aident à réfléchir à cela.

 

(voir aussi notre billet septembre 2015 sur Morozov)

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19 octobre 2014 7 19 /10 /octobre /2014 17:17

Comme j'en ai fait part à la liste de diffusion universitaire francophone DH (Digital Humanities), la publication du rapport CNNum (Conseil national du numérique), avec sa proposition d'un baccalauréat « Humanités numériques » (HN) est intéressante : elle oblige à s'interroger sur l’acception de ce terme — en existe-t-il une compréhension commune ?

 

J'avoue avoir une idée assez élitiste des "Humanités numériques". Il s’agissait à partir de 2004-2005, de projets de  haut niveau, exigeants : je pense par exemple à Nietzsche on line (ENS, P. D’Iorio), Ampère (CNRS, C. Blondel / S. Pouyllau), Darwin, Newton ou Galilée en ligne, les manuscrits de Flaubert (Univ. de Rouen), Architecture 3D (Michel Florenzano), parmi d'autres. Quant à moi, j’avais mis en ligne (avec l’appui de Stéphane Pouyllau) quelques manuscrits Gay-Lussac / Monge (lien), puis créé en 2008 BibNum, bibliothèque numérique d'histoire des sciences, concept un peu différent (plus proche d’une revue), mais qu’on peut rattacher aux DH. On pourrait, d’ores et déjà, faire une historiographie des projets #DH depuis 10 ans — peut-être est-ce en cours ?

 

À partir de là, deux tendances se sont dégagées (je schématise) : ceux qui pensent que les DH sont d’abord et avant tout une pratique,un outil, à intégrer aux champs disciplinaires universitaires (qu’ils soient littéraires, ou plus liés à l’histoire des sciences, voire aux sciences exactes); ceux qui pensent que ce doit être une théorie, une discipline — avec les chaires, budgets et programmes de recherche correspondants. Je me rattache à la première tendance (j’avais raillé sur Twitter : “les humanités numériques, en faire, toujours — n’en parler, que rarement”), qui n’est pas moins “noble” que la deuxième. Je ne porte pas de critique sur la deuxième et conçois très bien que les deux puissent coexister, même si la seconde, plus visible, a pris le dessus.

 

En tout état de cause, existe entre ces deux tendances un socle commun de compréhension : chaque projet est construit autour d’un substrat — textes (antiques, classiques, scientifiques, autres), monuments, l’histoire d’une ville (Venise), etc. Ce rattachement, en priorité aux textes, est au fondement de la notion d’humanisme (au sens de la Renaissance), donc d’humanisme numérique – sens que développe d’ailleurs assez peu Milad Doueihi dans son Pour un Humanisme numérique (Seuil 2011). Au passage, une deuxième piste de travail pourrait être le lien entre les emplois de la locution “humanisme numérique” et de la locution “humanités numériques”.

 

Il me semble qu’on assiste là, avec le mastère HN SciencesPo, ou le bac HN proposé par le CNNum, à un changement de nature de la notion d’humanités numériques. Elle devient certes très englobante, mais surtout elle perd son substrat, çàd tout lien avec les textes et leur édition savante.

 

Je ne porte pas de critique à ce propos, mais j’essaie de me faire une opinion, en m’appuyant sur divers éléments d’appréciation, que je partage ici en vrac :

  1. 1. la remontée vers l’amont (de l’édition savante ou du programme de recherche jusqu’au mastère SciencesPo puis à l’idée de bac HN) découle implicitement de la vision HN comme discipline.

  2. 2. le mastère ScPo “Humanités numériques” est un Executive Master, çàd de formation professionnelle pour les salariés d’entreprises (je n’ai pas trouvé sur le site combien coûtait l’inscription à ce mastère, à mon avis au-delà de 20 000€). Il est important de noter, aussi, que le directeur de ce mastère est B. Thieulin, par ailleurs président  du CNNum et chef d’entreprise – je ne porte pas de jugement, mais c’est un élément d’appréciation à avoir en tête. 

  3. 3. une critique acérée du rapport CNNum — notamment sur la méthodologie — émane de Michel Guillou (blog). Ce billet mérite d’être lu, qui qualifie l’idée de Bac HN de “nocive autant qu’irréaliste”. On peut penser, comme lui, que la compétence en matière “informatique” (cf. le débat sur le codage à l’école), ou “numérique” (ce nouveau débat lancé par le CNNum sur un bac HN), doit plutôt imprégner chacune des disciplines, que faire l’objet d’un nouvel enseignement ou d’une nouvelle filière. En ce sens, ce débat sur les HN au lycée recoupe celui, assez virulent en ce moment, portant sur l’enseignement éventuel du codage à l’école. Il recoupe aussi le débat évoqué plus haut (HN : pratique ou discipline ?).

  4. 4. Sur l’aspect “irréaliste” (Guillou), on peut extraire une phrase du rapport CNNum lui-même, en toute fin de sa partie consacrée aux HN : (p. 53) "L’introduction d’un tel bac ne s’impose peut-être pas comme peuvent s’imposer d’autres réformes du système éducatif". Mais je n’irai pas plus loin dans cette discussion EdNat qui dépasse largement mon sujet. L’idée proposée par O. Le Deuff (son blog, 2013) (un bac HN fondé sur une étude critique de textes littéraires dans le secondaire — je résume rapidement) est séduisante mais paraît utopique (susceptible de concerner un très faible % d’enseignants); mais, même si cette idée fait un lien entre enseignements secondaire et supérieur sur la base d'une acception HN comme lien aux textes, ce n’est pas ce que le CNNum envisage, à aucun moment dans son rapport.


H2S.jpg

H2S : sulfure d'hydrogène, ou « Humanités et sciences sociales » (département de l'Ecole polytechnique qui porte encore ce nom – un des derniers emplois que je connaisse du terme humanités dans son acception première) [image WikiCommons, auteur Leyo]


Pourtant... Je dois avouer que les considérants de l’idée de bac HN par le CNNum sont à prendre en considération, notamment : (p. 50) “Ce bac sera parfaitement accessible aux littéraires et adoucira la coupure du lycée entre littéraires et matheux, en démontrant que l’on peut réussir dans les techniques et services numériques sans être nécessairement fort en maths.” Il est vrai que l’hyper-sélection par les maths (c’en est un pur produit qui écris ici) doit être ‘interrogée’. Si cette idée-oxymore d’humanités numériques (Berra 2011) peut y contribuer, elle mérite d’être considérée. Il faut là aussi prendre en compte un aspect linguistique : les HN (en français dans le texte) nous viennent des DH (anglais) — et le concept d’humanities a conservé toute sa vigueur en anglais (voir par exemple la page Wikipedia {{en }}), alors que ce n’est plus le cas en français (je peine à dater les derniers emplois de la locution '”faire ses humanités” | tous commentaires bienvenus). En Grande-Bretagne, elle est importante aussi dans le secondaire, où être formé par les humanities(à la suite ou non d’une... grammar school) conserve toute son importance. Cet emploi du terme HN nous revient ainsi de l’anglais vers le français, via le CNNum, comme une possibilité de mettre en valeur en France une formation par les humanités, permettant de contre-balancer l’hyper-sélection française par les mathématiques.

 

Je mélange là les aspects sémantiques (linguistiques) et de fond. Mais dans ces sujets-là, ils sont à mon sens très liés (cf. Moatti 2012, “Le numérique, adjectif substantivé”, Le Débat ; voir aussi Guichard, p.ex. 2014) ; à cet égard, une troisième piste de travail pourrait être de s’intéresser à l’histoire de ces allers-retours humanités/humanitiesentre langues française et anglaise– je suis preneur de toutes références (comme Berra 2011 déjà cité).

 

Pour conclure, j’analyse donc le terme HN comme fondé : dans le supérieur, sur un indispensable substrat, et sur une édition critique ; et dans le secondaire, tel que proposé par le CNNum, comme un ballon d’essai (une philosophie ?) pour réhabiliter des formations moins scientifiques. Le terme HN en vient donc à recouvrir deux aspects très différents,  et à mon sens tout aussi importants — débat à suivre.

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2 juillet 2014 3 02 /07 /juillet /2014 18:49

Relisons, les classiques. Après Chateaubriand, Stendhal (qui n'aimait pas beaucoup le vicomte, semble-t-il). En 1825 (in Courrier Anglais), il crée son propre mot : le puff, puffer. Parmi les quelques occurrences Gallica :

Puffer-1.png

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Puffer-2.png

 

Henri Martineau (1882-1958), le maître stendhalien, nous donne l'explication de ce mot chez Stendhal dans une édition (Le Divan 1933) des Mélanges de Littérature, avec des exemples chez d'autres écrivains : « Vanter à toute outrance et prôner sur Internet dans les journaux avec effronterie. »


Martinon.png

 

Ne ferions-nous que retrouver des phonèmes antérieurs ? L'analogie sémantique entre puff et buzz est criante – et par ailleurs puff vient aussi de l'anglais, comme quasi tous nos termes Internet actuels !

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  • : Humanités numériques, édition scientifique, diffusion numérique de la connaissance, Enseignement supérieur et recherche, géographie et histoire industrielles (auteur Alexandre Moatti) = ISSN 2554-1137
  • : Discussions sur le projet de Bibliothèque numérique européenne, sur les bibliothèques numériques en général; sur l'édition scientifique papier & en ligne.
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Ce blog est créé à la rentrée scolaire 2006 pour suivre les sujets suivants:
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Il est étendu en 2023 sur des sujets connexes aux précédents, mais néanmoins liés : patrimoine industriel, géographie industrielle.

 
Alexandre Moatti
 
 

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